Super-ma(ma)n
" Ca se passe à la fac. J'ai un exam de microbio dans une salle réservée habituellement aux travaux dirigés. Me voilà donc attendant dans le couloir qu'on nous fasse entrer, avec Lau (qu'à rien à faire ici à priori! mais qui est sur la liste des candidats). Le clou, c'est que ma môman attend aussi avec nous...
Une fille arrive par la porte du fond du couloir, en s'étalant de tout son long au sol, parce que c'était glissant. C'est ballot.
Je regarde les noms affichés sur les portes, car il y a en fait plusieurs salles. Je suis dans la même pièce que Lau, on est contentes!
Bon, je me décide à attaquer le coeur du problème de la situation d'embarras inaccoutumé dans laquelle je me retrouve indépendamment de ma volonté, bref, je cherche à convaincre ma mère poule de ne pas rester là. Je lui fais remarquer gentiment qu'elle est la seule dans ce cas-là, et puis que je vais très bien réussir à me débrouiller seule. C'est bien la première fois qu'elle a décidé de m'accompagner à la fac!
Les étudiants s'engouffrent dans leurs salles respectives. L'examen commence, il doit durer deux heures. Mais comme mon problème n'est pas résolu, je reste dans le couloir avec Lau qui a choisi de m'aider pour trouver une solution. Ma maman est têtue, elle ne veut pas partir d'ici. Moi, je stresse. Le temps passe, et si ça continue, je n'aurai même pas le temps de lire le sujet. Elle refuse toujours de me laisser. Tic tac, tic tac.
Au bout d'une demi-heure infructueuse de conflit, on rentre tout de même dans la salle avec Lau. On nous a donné les sujets. J'essaye de me concentrer dessus. Mais ma mère s'est immiscée dans la pièce fatidique. Le comble, c'est que mon petit frère s'est incrusté dans la scène. Et comme il ne tient pas en place, il tourne en rond et perturbe l'ambiance studieuse du moment. Ma mère a sorti un bouquin, et le lit tout en jetant de temps en temps un regard scrutateur très minutieux pour me surveiller. J'ai l'impression que je vais exploser. Je suis complètement oppressée, je craque. Je relis sans cesse les mêmes lignes. Mon esprit est trop occupé avec les idées véhiculées par cette situation incongrue. Je redemande, une nouvelle fois mais en chuchotant, à ma maman de sortir. Lau lui rappelle que c'est un examen officiel et qu'en conséquent, elle se trouve dans l'obligation de nous laisser plancher.
Enfin, il était temps, une surveillante s'approche pour régulariser la situation. Un gars de la sécurité, un black baraqué, est arrivé pour s'en charger aussi. La présence inappropriée de ma maman n'est pas tolérée dans la salle d'examens. L'homme costaud réussit à la faire sortir contre son gré. C'est cool, je vais pouvoir réfléchir et me concentrer sur le sujet proposé. Seulement, il ne reste qu'une heure au lieu de deux pour ça...
Le gars de la sécurité emmène ma mère dans une salle qui fait face à la nôtre. Une fenêtre est ouverte ainsi que la porte et ça crée des courants d'air pour rafraîchir la température ambiante. Mais elle a tendance à se refermer.
La baraque lance un défi à ma maman. Si elle parvient à faire tenir la fenêtre ouverte grâce à l'aide d'un fil rouge (???) dans un temps imparti de cinq minutes, je me verrais attribuée d'une demi-heure supplémentaire pour achever ma copie. La proposition est intéressante.
Ma super-maman cherche partout la bobine de fil rouge dans la salle: sous les tables, dans les recoins poussiéreux, derrière les radiateurs. Et elle en trouve une, oh, comme par miracle. Elle se dépêche d'atteindre la poignée de la fenêtre puis de la porte pour les relier ensemble par ce fameux fil rouge. Le défi est relevé avec succès. J'ai une demi-heure d'offerte."
