Pieds en jambon

" Un portable est posé sur le lit. Il se met à sonner. Alors je vais répondre, sans être bien sûre pourtant qu'il m'appartienne. C'est un portable à clapet, ça ne peut donc pas être le mien, mais bon...

Je suis dans une chambre d'hôpital étroite et bien blanche, il y a deux lits quasi accolés.

Un gars se trouve au bout du fil, avec l'accent du sud. Il me dit qu'il est de Bayonne, comme le jambon!!!


Avec le sourire, parce qu'il a l'air sympa, je lui réponds qu'il doit avoir fait une erreur sur le numéro. Ca semble l'étonner. Je tourne dans la chambre.

Il continue de me parler. Je m'appuie sur l'autre lit... sans m'apercevoir qu'il y a deux verres vides en équilibre sur le bord. Avec mon poids, le matelas s'est affaissé. Et les verres sont tombés, lentement. J'ai visionné leur chute au ralenti. J'attendais la suite inéluctable tout en retenant ma respiration.

J'ai hurlé, oubliant mon interlocuteur. Il pleut du verre si bien qu'une multitude de tessons recouvre bientôt le sol. Je suis pieds nus. Je sens une tonne d'incisions dans ma peau et vois du sang. C'est horrible et ça n'en finit pas.

Je sais que mon interlocuteur croit que je suis en danger ou complètement folle. J'm'en fous. Je raccroche.

Cette scène s'arrête, dans la souffrance... Et je me retrouve dans un amphi, racontant à un pote qu'il m'est arrivé un truc incroyable. Des morceaux de verre sont restés sous ma peau cicatrisée après un accident. A chaque pas, quand tout mon poids ne repose que sur les deux appuis de la voûte plantaire, je peux sentir le verre qui me coupe les tissus. Et c'est un supplice."