L'ascenseur de Marrakech

" Toute petite voiture. A l'intérieur, deux familles qui s'en vont à Marrakech, la famille de Loub et la mienne. On se retrouve assez vite devant un grand immeuble. Les parents de Loub veulent nous faire visiter le Maroc, c'est chouette ça. Mais bon, en fait, on ne va pas avoir le temps de voir grand chose...

Des palmiers sur le parking, ça commencait plutôt bien, le dépaysement.

Mais voilà, c'en est déjà fini les visites aujourd'hui, on rentre dans le hall et on s'attaque à l'escalier. Il faut rejoindre le septième étage.
Au palier du cinquième, tout le monde souhaite faire une pause, alors on décide de prendre l'ascenseur pour gagner de l'altitude sans se fatiguer.
Il y a un homme avec des habits sales sur le palier. Il vend des chaussures qu'il a fabriquées lui-même avec des cartons et autres emballages de récupération. C'est du recyclage avec les moyens du bord. J'apprends qu'il y a des personnes par milliers dans cette ville et sa situation qui "essayent" de gagner leur vie comme elles le peuvent, en s'inventant des nouveaux boulots.
Malgré l'insistance pour que mon père cède à l'achat d'une nouvelle paire de chaussures, on s'éloigne en direction de l'ascenseur.
Je suis la première devant les portes. Le bouton d'appel est appuyé.
Une vague d'angoisse me transite. Les portes s'ouvrent puis se referment. Je n'ai pas réussi à rentrer à l'intérieur.
C'est stupide. Je réappuie sur le bouton. Même chose. Y'a trop d'angoisse. Ca me paralyse. Du coup, je me recule après avoir enclenché pour la troisième fois le bouton...
Mon père rentre sans peine dans l'ascenseur. Mon petit frère aussi. Alors, du coup, je monte aussi, un peu rassurée.
Les autres prétextent qu'il n'y a plus de place et qu'ils vont reprendre l'escalier.
Les portes se referment. Mon père demande le septième étage.
L'ascenseur est décoré comme un mini dance-floor. Y'a une boule à facettes au-dessus de nous, et un éclairage assuré par des stromboscopes rouge et bleu.
L'ascenseur ralentit, probablement au niveau du septième. Mais il a des secousses anormales. Les portes ne s'ouvrent pas. L'angoisse initiale est de retour, ce n'est pas étonnant! Voilà que les strombo s'éteignent.

Chute libre interminable. J'ai le temps de penser que le système de sécurité va s'enclencher. Je serre mon petit frère dans mes bras et crie: "Papa!" C'est horrible."

Je me suis réveillée avant que l'ascenseur ne s'explose au sous-sol. Brrrrrrr...